HUGUETTE

                                ÊTRE ou ne pas ÊTRE

           Voilà une question philosophique que l'homme se pose depuis des millé-naires et qui restera pour moi toujours énigmatique jusqu'au fin fond de l'Univers.

          Je suis, vous êtes, nous sommes. Waw! On existe en chair et en os.

          Chose certaine, plantes, animaux et humains sommes tous mortels.

          Le feu qui illumine notre vie ne peut-il pas aussi l'éteindre?      

          Chacun, chacune a son propre sablier du temps.   

          Notre existence sur terre est programmé comme une horloge mécanique

dont les tic-tacs savamment orchestrés nous rappellent les battements de notre merveilleux et éprouvé cœur, parfois en mode d'allégresse, d'autres fois en mode de détresse.

          Oups! Voilà qu'un beau jour, par surprise, notre cadran biologique se dérègle et nous signale que nous sommes rendu au bout de notre fuseau horaire.

           L'alarme est déclenchée. L'heure affichée annonce votre grand départ définitif. C'est un non retour. L'aiguille qui a tourné tant de fois s'est arrêtée.

           Le dernier grain de sable de votre sablier vient de disparaître.

           Chers amis mortels. Permettez-moi de vous illustrer à ma façon ma vision personnelle de notre vie temporelle.

           Imaginez que j'ai devant moi une balance. Par exemple, prenons celle qui symbolise la JUSTICE. Sur chacune des deux petites plateformes circulaires suspendues, je vais y déposer des mots correspondants aux deux thèmes choisis: la VIE  &  la MORT.

            -Du côté droit de la balance, c'est la NAISSANCE annonçant le commencement d'une VIE. J'y dépose donc les mots: joie, rires, plaisirs, bonheur, tendresse, euphorie et amour.

            -A gauche de la balance, pour contrebalancer, c'est la MORTALITÉ annonçant cette fois pour de bon, une fin physique planétaire.

             Oups! Aussitôt que j'y dépose des mots plus sombres: chagrins, émotions de toutes sortes, maudite maladie, grande tristesse, douleur déchirante, peine désespérée, pleurer à chaudes larmes, bref, tous ces mots rassemblés font que la balance hésite et oscille menaçant ainsi l'équilibre tout entier de notre courte existence.

              En somme, ce bref tableau descriptif qui se balance entre la VIE et la MORT, nous informe pas seulement de notre vulnérabi-lité et de notre fragilité, mais aussi, qu'en tant qu'individu unique et être humain crée par Dieu, nous sommes indéniablement impor-

tant dans notre Univers.

              Voici maintenant le moment le plus important que je puisse vivre à l'occasion de cette rencontre fraternelle et amicale.

              En communication direct avec ma très chère sœur Huguette, doyenne de la famille, qu'on surnommait "la soyenne", parfois même "la mère supérieure de la famille" à cause justement de son index élevé, qu'elle nous plantait en plein visage, signe d'autorité qui avait pour effet de nous montrer le bon chemin et d'obéir à ses nombreux conseils.

              Voici donc enfin cet hommage personnel vibrant, une sorte de cri du cœur exprimé par une sincérité inébranlable.

               Huguette, ta mission parmi nous est maintenant terminée. Tu as accompli une vie pleine de bonté, d'amour, de partage, d'efficacité et de foi. Huguette, ton esprit et ton âme ont maintenant traversé le miroir du temps pour atteindre l'au-delà de l'immortalité.

               Aimable et douce sœur, merci d'avoir été ma deuxième mère, ma conseillère et de m'avoir toujours encouragé dans mes nombreux projets qui ont rempli ma vie. Comme un rayon de solei, tu illuminais ma folie.

               Au mois de juin 2017, malgré un état de santé déjà fragile, mon adorable sœur Huguette, tu as fais une longue route avec tes charmants enfants et amis pour assister à mon exposition de mes dernières oeuvres accrochées au Centre National d'Exposi- tion à Jonquière, événement rendant hommage à mes 50 ans de vie artistique.

                Pour la première fois de son histoire, les murs du Musée Saguenayen situé sur le Mont-Jacob "tremblaient" d'un esprit festif, faisant exploser des rires colorés, des cris de joie hystérique et des applaudissements dignes de nos légendaires fêtes familiales. Collectivement, nous venions de créer ensemble une oeuvre historique 3D.

               Pendant mon petit discours de circonstance, sûrement pour reprendre ton souffle, je t'ai vu discrètement te retirer de la foule pour prendre siège dignement comme une reine contemplant le spectacle et me sourire du coin de l'œil, partageant ainsi mon bonheur incommensurable.

               Enfin, cher auditoire respectueux, j'aimerais vous laisser sur un message prémonitoire, plein d'espoir, dont j'ai rêvé la nuit du 24 novembre 2017. Je devine déjà votre pensée et vous vous dîtes peut-être, ben voilà, c'es un artiste, il est dans sa bulle et il fabule bourré de pilules. Que cela ne tienne, en voici l'interprétation.

               Je suis seul, en audience privée au Vatican avec mon ami FRANÇOIS qui médite et termine d'égrener son chapelet.

               Sa Sainteté me mitraille du regard. Son aura me paralyse de paix. Un silence religieux et contemplatif s'installe.

               Je crois être dans un état second...mais non, l'odeur des cierges et des lampions allumés me confirme que je suis bien physiquement dans l'État du Vatican. D'un coup de crosse papale (en douceur) je suis réhabilité dans mon état normal.

               Le Pape François, trônant majestueusement comme un Pharaon d'Égypte, d'une main élevée et tendue me fait signe de venir m'asseoir sur le petit strapontin installé près de lui. D'un ton amical et presque paternel, le voilà qui s'adresse à moi comme à Dieu, avec toutes la simplicité qu'on lui connaît :

                "MAÎTRE GUYTAY, artiste renommé au pays du castor, de l'orignal, de l'harfang de neige, de Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Léonard Cohen et du Cirque du Soleil, si vous êtes devant moi aujourd'hui, c'est que le Concile Vatican 11, composé d'Évêques et de Cardinaux, conscient et reconnaissant que vous avez du  "du talent à revendre", le Concile de Rome, dis-je, à l'unanimité, vous a choisi pour restaurer la grande fresque de Michel-Ange, peinte au mur de la Chapelle Sixtine''.

                   Célèbre à travers le monde, cette grande oeuvre du XV siècle intitulée "LE JUGEMENT DERNIER'' réunie DIEU et ADAM sur la même toile, se pointant du doigt, tableau d'ailleurs qui influença l'affiche d'un film de Steven Spielberg  ''E.T. PHONE HOME'' en 1982.

                  le Pape François fit un pose et d'un geste ganté de velours, avec politesse, invita les deux Gardes Suisse de faction à se retirer, puis de nouveau, le Saint Père m'adressa la parole, cette fois à voix basse, à deux doigts de mon oreille droite, comme s'il allait me déchiffrer le Code Da Vinci. Je le cite textuellement :

                 "En ces temps modernes du 20ième siècle après J.-C., avec la mondialisation et le mouvement féministe qui nous talonne de plus en plus, il est temps d'apporter quelques changements au sein de notre Église, particulièrement parmi nos trésors bibliques.

                  Le travail d'artiste que l'on vous demande, vénérissime créateur, sera de retoucher un fragment de la fresque de Michel-Ange en remplaçant le personnage ADAM par le portrait d'une femme, faisant figure d'une bonne chrétienne, au côté de DIEU que vous garderez intact. DIEU est un intouchable.

                 Votre modèle de femme à peindre devra avoir un visage moderne et charismatique de votre époque. En puisant dans vos souvenirs, il vous sera facile de trouver cette femme exceptionnelle qui a été pour vous une personne inspirante, géné-reuse, joviale et sensible comme les ailes d'un papillon".

               Comme une étoile filante, une idée géniale me traversa la mémoire et je vis apparaître le resplendissant corps spirituel de  mon adorable sœur HUGUETTE, allongé sur un nuage et une main tendue pointant son légendaire doigt de mère supérieure vers le Seigneur. Puis, avec un claquement des doigts à la manière de Messmer, son éminence le Pape François, d'une voix astrale me dit:   

               "Maintenant, fermez les yeux comme si vous dormiez et ouvrez grande la main droite. Je vais y déposer un objet d'une grande valeur qui m'a été livré spécialement pour vous par une personne qui est devenue une étoile de plus au-dessus de nos têtes". 

                A mon réveil sur terre, comme par magie, dans ma chambre royale TOUTANKHIDOU à Laval,  je retrouvé dans la paume de ma main droite, l'objet mystérieux que le Pape François m'avait remis, un bijou inestimable, brillant comme mille cristaux, repré- senté par un super et majestueux ÉLÉPHANT D'ARGENT , symbole de la chance.

                Croyez-le ou non, la vérité dépasse la fiction. Voici ce talisman, accroché près de mon cœur.

                Ce porte-bonheur m'as été légué par nul autre que mons admirable et adorable sœur HUGUETTE dont le merveilleux souvenir sera  immortaliser sur une fresque virtuelle et éternelle.

                Tous en chœur : JE SUIS

                                                 TU ES, HUGUETTE et AVEC NOUS TU RESTERAS

                                                  ALLÉLUIA! ALLÉLUIA! ALLÉLUIA!